En cette année du 80ème anniversaire du débarquement de Provence, les 220 m2 de ce cimetière militaire, avec ces 9 tombes des membres du commando d’Afrique, nous rappelle les premières heures, si cruciales, du second débarquement par le sud de la France, en ce 15 Août 1944, pour compléter l’opération Overlord. Parmi elles 5 sépultures sont In Memoriam, les corps ayant été restitués aux familles. A la demande du Général Bouvet et du maire Etienne Gola, ce cimetière fut maintenu par décision ministérielle en Juillet 1950
L’opération Dragoon, également connue sous le nom de débarquement de Provence, a eu lieu pendant la Seconde Guerre mondiale à partir du 15 août 1944. Les troupes alliées ont débarquées dans le Sud-Est de la France, entre Toulon et Cannes.
- Objectifs :
- Libérer Toulon et Marseille.
- Remonter le Rhône pour rejoindre les forces de l’opération Overlord (le débarquement en Normandie).
- Renommage de l’opération :
- À l’origine, elle était appelée “Anvil” (enclume en anglais).
- Winston Churchill a renommé l’opération “Dragoon” car il préférait une percée des troupes déployées sur le front d’Italie vers les Balkans, afin de prendre en tenaille l’armée allemande en Europe centrale et d’arriver à Berlin avant les Soviétiques
- Le commando Romeo
- Le groupe des Commandos d’Afrique (GCA), dirigé par le lieutenant-colonel Georges-Régis Bouvet, a joué un rôle crucial dans l’opération.
- Leur mission était de sécuriser les plages et de neutraliser les défenses ennemies.
- Ils ont débarqué sur l’aile ouest, de part et d’autre du Cap Nègre.
L’opération Romeo était une opération militaire qui visait à neutraliser l’artillerie allemande au sommet des falaises du cap Nègre. Elle s’est déroulée la veille du débarquement de Provence, qui était l’invasion principale pour reconquérir le sud de la France. La force alliée comprenait huit cents commandos français des Commandos d’Afrique, dirigés par le lieutenant-colonel Georges-Régis Bouvet. L’adjudant-chef Noël Texier, qui menait la première vague de commandos, a été mortellement blessé lors de l’opération et est enterré aux côtés de membres de son commando à la nécropole nationale du Rayol-Canadel-sur-Mer. Il est le premier mort du débarquement de Provence
Embarqués en Corse le 14 août, à Propriano, 600 volontaires français des Commandos d’Afrique placés sous le commandement du lieutenant-colonel Georges-Régis Bouvet font cap en direction de la Provence. A 22h00, les hommes et Bouvet lui-même quittent les navires pour rejoindre leurs embarcations amphibies d’assaut.
Alors que le convoi maritime tient son cap, trois petites embarcations gonflables se détachent des autres. A bord de l’une d’elles se trouve le capitaine Rigaud et l’officier de liaison britannique Johnson. Leurs mission ; débarquer en premier sur la plage du Rayol afin de reconnaître les lieux et dans un second temps de guider, à l’aide de signaux lumineux, les prochains détachements qui doivent débarquer.
Les deux autres emmènent l’adjudant-chef Texier, le sergent-chef du Bellocq et une poignée d’hommes lourdement armés afin de neutraliser les blockhaus de cette même plage – après avoir débarqué – avant l’arrivée plus massive des Commandos d’Afrique.
Si le capitaine Rigaud parvient comme convenu à prendre pied sur la plage du Rayol, une erreur de navigation dérive le groupe de Texier au pied du cap Nègre, qu’ils décident et tentent d’escalader dans le plus grand silence.
Mais alertée par des bruits suspects, une patrouille allemande envoie une pluie de grenades en contrebas. Le corps de Texier dévale la pente et tombe de rocher en rocher. Agonisant un bref moment, l’adjudant-chef devient ainsi le premier mort français sur les plages du débarquement.
Pendant ce temps, plus au large et conformément à leur plan, les 70 hommes du 1er commando du capitaine Ducournau naviguent – eux aussi – en direction du cap Nègre. Leur mission : escalader la falaise, neutraliser les pièces d’artillerie avant de rejoindre le mont Biscarre. Scindé en deux groupes chacun à bord de leur embarcation d’assaut, le premier qui remorque aussi un rubber boat chargé de trois hommes, est commandé par Ducournau lui-même et le second par son adjoint, le sous-lieutenant Jeannerot.
Alors que les trois embarcations font route en direction de la côte, Jeannerot entend et repère trois hommes à la mer. L’embarcation flottante s’est dégonflée. Stoppant son moteur pour les récupérer, il perd inévitablement de vue le groupe de Ducournau qu’il devait suivre.
Naviguant seul et dans l’obscurité la plus totale, Jeannerot aperçoit enfin les terres et la cap Nègre se dessiner à l’horizon. Cependant, il se rend rapidement compte que son embarcation et ses hommes dérivent trop à l’Ouest. Celui-ci le signale au pilote britannique qui refuse de rectifier sa trajectoire prétextant suivre les ordres à la lettre, à savoir : suivre le groupe de Ducournau qu’il ne peut pourtant plus voir depuis plusieurs minutes.
Aux alentours d’une heure du matin, les 35 commandos de Jeannerot sont tout proche de la côte… mais à trois kilomètres de l’objectif initial. Pire encore, les Allemands ont repéré leur présence et ouvrent le feu à la mitrailleuse. Débarquant tant bien que mal, le demi-commando parvient à traverser la plage et à se mettre à l’abris dans un petit bois.
Plus ou moins simultanément, l’autre demi-commando de Ducournau est arrivé au pied du cap Nègre. Le sergent Daboussy, spécialiste de la haute montagne se lance alors seul à l’assaut de la falaise, haute de 80 mètres, corde à son ceinturon. En bas, l’attente est interminable pour les autres commandos mais enfin, la corde solidement attachée au sommet de l’objectif, retombe enfin.
Il faut presque une heure aux 35 commandos lourdement chargés de leurs équipements pour escalader la falaise. Une fois arrivés, les hommes sont prêts à bondir sur les défenseurs. Mais là-haut, le calme règne et pas le moindre uniforme ennemi ne se montre.
En réalité, le plus gros des troupes allemandes est occupé à traquer le groupe de Jeannerot, qui est parvenu à se fondre dans la nature. Alors discrètement, les commandos de Ducournau se faufilent à travers les barbelés et les champs de mines qu’il faut neutraliser.
Plus au large, les navires d’assaut qui transportent le lieutenant-colonel Bouvet et les quelques 600 Commandos d’Afrique s’approchent à leur tour, discrètement des côtes. Mais là encore, une erreur de navigation vient contrarier les plans. Au lieu de se trouver face à la plage du Rayol, sur laquelle le capitaine Rigaud envoie des signaux lumineux, ils se trouvent en fait face à celle du Canadel.
Bouvet se rend bien compte de l’erreur mais il est trop tard. Qu’à cela ne tienne, il faut débarquer. Il est 1h35 lorsque les abattants des embarcations amphibies d’assaut s’abaissent et libèrent les commandos qui pour certains et de manière furtive, ne résistent pas à l’idée d’embrasser le sol français qu’ils retrouvent enfin.
C’est à ce moment précis que les hauteurs du cap Nègre s’illumine dans l’obscurité de la nuit. En hurlant, les soldats de Ducournau se jettent sur les pièces d’artillerie qu’ils doivent détruire. Les rafales et les détonations se font entendre dans le paysage provençale. Surpris, les Allemands tentent de réagir furtivement, et se rendent finalement. Ils viennent de perdre 20 des leurs, quand seulement deux blessés sont recensés du côté des forces du capitaine Ducournau.
Il est 1h45, le premier combat du débarquement de Provence vient de s’achever. Pour l’Histoire, le Commando d’Afrique est l’avant-garde de la libération.